jeudi 17 août 2023

Wytch Hazel - IV : Sacrament

Bad Omen Records

02/06/2023




Un nouvel album de Wytch Hazel, un peu plus de deux ans et demi après la sortie de l’excellent III: Pentecost, voilà bien une nouvelle qui pouvait me réjouir. Les Lancastriens font parti de mes chouchous depuis la sortie de leur premier album, Prelude, en deux mille seize. Et c’est avec une certaine joie que j’ai suivi les pérégrinations de nos quatre chevaliers depuis lors, avec des albums de grande qualité. Et pourtant, ce n’est guère ce même enthousiasme qui m’a envahi pour la sortie de ce quatrième album. La faute peut-être à un trop grand nombre d’extraits, trois pour être précis pour dix titres au final, dévoilés en amont de la sortie de cet album, - mais l’on ne peut pas trop passer outre les us et coutumes du marketing désormais -, et un storytelling un peu trop léché à mon goût. Ce n’est pas un procès d’intention que je fais, chaque groupe doit user de ses moyens pour se démarquer et faire parler de lui pour espérer diffuser sa musique, ce d’autant lorsqu’elle est de qualité. Oui, mais voilà, j’avais l’impression de connaître l’album avant même de l’avoir écouté, et cela entache un peu la découverte de l’œuvre dans son entièreté, surtout lorsque l’on connait le soin qu’apporte le sieur Colin Hendra à sa musique. En soit, je commence à préférer des formations qui annoncent au dernier moment la sortie d’un album, sans faire tout un tintamarre, à l’instar d’un Urfaust très récemment. Est-ce une raison valable pour rejeter un tel album? Bien entendu que non, même si je dois avouer que les toutes premières écoutes de cette nouvelle réalisation m’avaient clairement laissé sur ma faim, une grande première pour ce qui concerne ma relation avec Wytch Hazel. 


En effet, de primes abords, ce qui m’a sauté aux oreilles, c’est cette sensation de retrouver un Wytch Hazel ultra balisé et qui n’a pas trop évolué, là où l’on pouvait trouver un gap qualitatif entre le deuxième et le troisième album. En même temps, qu’attendre d’un groupe tel que Wytch Hazel d’évoluer entre deux albums et de sortir de son style unique et tellement ancré dans une double tradition, entre ce côté folk chevaleresque et ce heavy metal traditionnel teinté d’héroïsme? Bien évidemment, l’on retrouve ici un Wytch Hazel comme on l’a toujours connu ou presque, avec ce heavy metal pas foncièrement violent mais qui rappelle tout autant les premiers groupes de New Wave of British Heavy Metal, avec une dynamique semblable aux tous premiers Iron Maiden, le côté urbain en moins, ou à Angel Witch, le côté satanique en moins. À cela vous ajoutez une petite touche folklorique, moins mise en avant mais encore bien présente sur le très beau Futur Is Gold et sur Endless Battle, qui donne forcément ce cachet tellement médiéval à leur musique, faisant du quatuor des sortes de troubadours des temps modernes, ce que confirment leurs tenues de scène. Et puis, pour parfaire cette description, et c’est cet élément qui m’a charmé dès le départ, c’est cette filiation avec Thin Lizzy, - et meilleur serait le monde s’il écoutait plus souvent Thin Lizzy -, avec ce côté rock bien dynamique, et, évidemment, ces leads harmonisées, qui seront toujours pour moi une sorte de cajolerie pour les oreilles. L’on retrouve bien tout ceci sur ce nouvel album, pas de surprises ni de déception quant à ce chapitre là. À cela l’on doit aussi ajouter ce chant unique et fier, mais empli d’émotions de Colin Hendra, toujours aussi impeccable et même noble, d'une certaine manière, dans son interprétation. 


Un leader qui a toujours ce feu sacré et qui a décidé cette fois-ci de jouer sur quelque chose de plus dynamique et peut-être de moins touffu que sur son prédécesseur, où moult lignes de guitares se superposaient. Attention toutefois à ne pas croire que ceci a été bâclé et que la production puisse en pâtir. L’on ressent toujours à l’écoute de ces titres d’un autre âge ce cachet hérité des années quatre vingt dix et de la décennie précédente, avec un son très propre et puissant, mais surtout un grain de guitare très reconnaissable et surtout très agréable. Si l’on devait faire une comparaison avec son prédécesseur, l’on pourra affirmer que cet album ci est sans doute bien moins spirituel que son prédécesseur et met plus en avant une touche conquérante, pour ne pas dire épique, avec toujours ces thématiques très chrétiennes mises en avant, cela fait partie du charme et du cachet des Anglais. Ne vous attendez pas à de longues cavalcades sur cet album, l’on reste dans quelque chose de très calibré, n’excédante que rarement les quatre minutes. Pour autant, l’on est loin d’avoir des titres minimalistes, il y a toujours des ponts et des passages plus nuancés pour couper le schéma couplet - refrain que le groupe nous propose. En cela, l’on aurait pu croire que l’on aurait un album assez direct et facilement assimilable vu ce que j’ai énoncé plus haut. C’est en partie vrai, mais je trouve que c’est album prend son temps pour dévoiler ses facettes et ses charmes. Et s’il n’y a peut-être pas de gros tubes immédiats, - encore que Angel of Light répond à ces critères -, il y a dix titres assez solides qui deviennent de plus en plus entêtants au fil des écoutes, à l’instar d’un Deliver Us, - bien que ce titre donne cruellement envie d’écouter Warlord -. Oui, ce Sacrament a un côté grower assez inattendu, et c’est vraiment ce qui fait son charme, avec notamment un excellent enchaînement sur les quatre derniers titres, sans doute ceux où l’émotion et la nostalgie sont les plus mis en exergue.


Ce n’est donc pas avec ce quatrième album que les Anglais vont me décevoir, ils auront mis un peu plus de temps pour me convaincre, mais je trouve très bien d’avoir un album qui se mérite, qui ne se dévoile pas facilement et qui demande à être découvert, un peu à l’ancienne, à une période où la musique devient quelque chose de jetable, - mais c’est là un autre débat. Oui, Wytch Hazel vont demeurer encore pour un bon moment mes chouchous avec leur heavy metal chevaleresque, qui, s’il reprend des codes et des dogmes maintes fois éculés, gardent une réelle pertinence. Et c’est même rassurant de retrouver les Anglais avec autant de brillance et d’envie, à tel point que l’on se laisse, une fois encore, prendre au jeu de cette musique quasiment intemporelle, mais tout autant chatoyante qu’enivrante. 


https://wytchhazel.bandcamp.com/album/iv-sacrament


A.Cieri

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